Monsieur le Président, le 29 janvier, j’ai interrogé la ministre de la Santé sur la possibilité de financer directement les organismes communautaires qui offrent des services de santé mentale et d’éliminer les taxes sur les services de consultation comme mesure que nous pouvons prendre en tant que parlementaires afin d’améliorer l’accès à ces services.
 
Avant la pandémie, les Canadiens étaient déjà nombreux à devoir vivre avec une maladie mentale. Maintenant, bon nombre de sondages révèlent que la santé mentale des Canadiens se détériore à mesure que la pandémie se poursuit. C’est une crise qui aura des effets durables sur la vie des Canadiens. Dans la dernière année, chaque fois que j’ai posé une question à la ministre au sujet de la santé mentale, on m’a invité à consulter le portail Espace mieux-être pour avoir une idée du travail qui est fait pour aider les Canadiens. Je connais très bien cette ressource, et je sais qu’elle peut être utile à certaines personnes, mais nous devons aussi reconnaître que nous ne pouvons pas tout régler avec une ressource temporaire en ligne. Ces problèmes sont complexes et nuancés, et le recours excessif aux ressources numériques offertes sur le Web ne suffit pas.
 
La santé mentale n’est pas un luxe, mais une nécessité. Le système canadien de santé mentale ne répond pas aux besoins des gens. Les longues listes d’attente, les inégalités et le sous-financement sont les causes fondamentales du problème. Les longs délais d’attente découlent, en partie, d’un sous-financement chronique des services communautaires de santé mentale et d’une dépendance à l’égard des services intensifs à coût élevé, comme les soins hospitaliers et les soins actifs. La longueur des délais peut mettre la vie des gens en danger. Une fois que les patients sont finalement inscrits sur une liste pour recevoir des soins, ils peuvent attendre de six mois à deux ans pour voir un conseiller. S’ils en ont les moyens, ils peuvent se tourner vers le secteur privé. C’est un système à deux vitesses qui accentue les inégalités sociales. De toute évidence, le manque d’accès à des services de santé mentale est plus marqué parmi les personnes à faible revenu ou les personnes handicapées. Au Canada, seulement 7 % du budget de la santé est consacré à la santé mentale et aux troubles du comportement, même si les experts recommandent que ce pourcentage soit plus élevé. Ma province y consacre encore moins d’argent.
 
Les députés qui siègent au caucus parlementaire de la santé mentale, dont je fais partie, sont à la recherche de solutions. Nous entendons le point de vue d’organismes, d’intervenants et de personnes qui travaillent sur le terrain afin d’offrir des services du mieux qu’elles le peuvent. Le manque de financement stable est un problème persistant. Nous devons assurer un financement direct aux organismes et aux collectivités du pays qui ont des solutions prêtes à être mises en œuvre. En finançant des interventions communautaires qui atténuent la pression exercée sur le système de soins actifs, on aide les gens à obtenir de l’aide aussi rapidement que possible. C’est le moins que l’on puisse faire pour la famille de Lexi Daken, 16 ans, qui n’a pas reçu d’aide après avoir attendu des heures à l’urgence.
 
Je veux prendre un instant pour rendre hommage à Mme Monique Paul de la nation St. Mary’s. Mme Paul était malécite. Elle était aimée. Elle l’est toujours et elle manque à bien des gens tous les jours. Le suicide et la maladie mentale frappent durement les communautés autochtones. Le traumatisme intergénérationnel et le racisme systémique constituent un héritage douloureux. Chaque fois que l’on perd une personne, surtout un enfant ou un jeune, la frustration et la douleur sont lourdes, comme un nuage d’orage qui flotte au-dessus de la collectivité.
 
Les personnes ne peuvent pas porter ce fardeau seules et les collectivités non plus. Nous avons besoin d’aide, de plus d’aide que peut en fournir un portail en ligne. Il est temps de faire montre de leadership et de bâtir un meilleur système sur lequel les Canadiens pourront compter en cas de besoin.
Monsieur le Président, il existe des solutions tangibles, dont certaines sont en voie d’être appliquées, j’en suis consciente. Non seulement du financement est réservé à la santé mentale dans les transferts en santé, mais le gouvernement a récemment promis de définir et d’instaurer des normes nationales en matière de soins de santé mentale, ce dont je lui suis très reconnaissante.

Nous devons également inscrire la santé mentale dans la Loi canadienne sur la santé et fournir aux provinces et aux territoires l’aide dont ils ont besoin pour exceller dans ce domaine. On s’échange des pratiques exemplaires, mais au bout du compte, les Canadiens doivent pouvoir recevoir des soins de qualité où qu’ils habitent au pays. La maladie mentale est liée à de nombreux problèmes avec lesquels nous sommes aux prises collectivement, et plus une maladie persiste longtemps, plus elle est difficile à traiter. L’intervention précoce mène à de meilleurs résultats.

Nous savons que chaque dollar investi dans la santé mentale économise deux dollars au système de santé. Outre l’argument financier, investir dans la santé mentale peut grandement améliorer notre qualité de vie, notre sécurité et notre bien-être. Il faut permettre aux gens d’accéder à des soins de santé mentale au moment où ils en ont besoin et à l’endroit où ils en ont besoin. Je veux que tous les Canadiens aux prises avec une maladie mentale sachent qu’ils ne sont pas seuls. Nous continuerons de réclamer de meilleurs services en santé mentale pour tous, quel que soit le mois de l’année.