• Post published:novembre 19, 2020
  • Reading time:4 mins read
  • Post category:À Ottawa
Madame la Présidente, aujourd’hui, dans le cadre du débat d’ajournement, je soulève une question que j’ai déjà soulevée le 2 novembre lors de la période des questions. Je suis heureuse d’avoir l’occasion de parler d’un sujet dont je sais que les Canadiens sont très fiers, soit le fait que le Canada est une terre d’accueil et que l’immigration est une tradition canadienne.
Il ne faut pas oublier que la plupart d’entre nous sommes des immigrants au Canada et que, au fil des ans, le multiculturalisme est devenu l’une des valeurs communes du pays. Le multiculturalisme contribue directement à l’enrichissement et à la croissance des collectivités d’un océan à l’autre.

Tout au long de l’histoire de l’humanité, les gens se sont déplacés. Beaucoup migrent par nécessité pour échapper à la persécution ou à la destruction. D’autres migrent par choix en quête de débouchés économiques dans l’espoir de bâtir un avenir meilleur pour eux et leur famille.

Le mois dernier, le ministre a annoncé son ambitieux Plan des niveaux d’immigration 2021-2023, qui vise les plus hauts niveaux d’immigration de l’histoire du Canada. Le plan vise à accueillir la majorité des immigrants dans le cadre des programmes d’immigration économique.

Bien sûr, il n’y a rien de nouveau à se concentrer sur l’immigration économique. La croissance économique, les considérations démographiques et les besoins du marché du travail définissent les politiques d’immigration du Canada depuis de nombreuses décennies. Or, cette approche fonctionne-t-elle?

Le fait de concentrer ses efforts sur la catégorie de l’immigration économique néglige et sous-estime implicitement la contribution économique des nouveaux arrivants au Canada d’autres catégories d’immigration et il fait fi des nombreuses autres façons dont ces personnes apportent une contribution à nos collectivités.

Nous, les Canadiens, tirons de la fierté de notre hospitalité et sommes en faveur de l’immigration, car nous reconnaissons ses bienfaits économiques et les bienfaits du multiculturalisme. Même s’ils ne peuvent pas toujours apporter une contribution économique, les nouveaux arrivants font de nombreuses contributions sur le plan culturel, social et interpersonnel.

J’ai demandé au ministre s’il croyait que l’objectif d’attirer 4,4 % d’immigrants francophones à l’extérieur du Québec était suffisant pour soutenir la vitalité des langues officielles, car à mon avis, il ne l’est pas. Lorsqu’il est question de préserver la vitalité d’autre chose que de l’économie, notamment celle de l’immigration, pourquoi le gouvernement établit-il toujours des objectifs aussi peu ambitieux?

Au cours des derniers mois, alors que nos frontières étaient fermées pour la première fois depuis des générations, nous avons été contraints de constater à quel point nous sommes dépendants de la contribution des nouveaux arrivants de partout dans le monde pour faire fonctionner nos collectivités. L’expression « travailleurs essentiels » est devenue d’usage courant et fait généralement allusion aux travailleurs marginalisés et sous-payés du domaine de la prestation de soins et de la production alimentaire.

Les immigrants et les nouveaux arrivants sont les piliers de ces secteurs et ils se heurtent à beaucoup de difficultés et d’obstacles. Les travailleurs migrants temporaires, qui sont indispensables au maintien de la sécurité alimentaire du Canada, se butent à un manque de services, de protections juridiques et de voies d’accès faciles à l’immigration. Les femmes immigrantes qui œuvrent dans le secteur des soins de longue durée mettent leur propre santé en péril pour fournir des soins aux aînés alors qu’elles attendent interminablement que leur demande d’immigration soit traitée. Plus les mois s’écoulent, plus il y a d’immigrants en attente d’un visa de travail qui doivent travailler en vertu d’un statut implicite, ce qui les rend inadmissibles aux régimes d’assurance-maladie provinciaux en pleine pandémie.

Dans ma province, on a délibérément recruté des membres du personnel infirmier qui possédaient les compétences nécessaires. Or, ils ne sont toujours pas en mesure de faire reconnaître leur savoir-faire. Nous leur avons promis un brillant avenir mais, à leur arrivée ici, nous les avons abandonnés, les laissant aux prises avec des problèmes de sous-emploi ou de chômage.

Aujourd’hui, je souhaite demander à la secrétaire parlementaire s’il nous importe qu’un nouvel arrivant soit en mesure de fournir un apport humain à notre société. Nous importe-t-il qu’il dispose de l’appui communautaire nécessaire pour réussir sur le plan personnel et éprouver du bien-être? Sacrifions-nous notre humanité sur l’autel de la croissance économique?