Projet de loi C-15 : Loi concernant la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones
Monsieur le Président, il y a tellement de choses à dire ici et tellement de choses à clarifier. Les arguments sont extrêmement nuancés. Les conséquences de ce projet de loi seront profondes. Ce processus doit encore permettre à certaines voix de s’exprimer. Cette question concerne tout le Canada. Les Canadiens méritent qu’il y ait un débat approfondi. Les députés méritent d’avoir la possibilité de participer à ce débat approfondi.
Le ministre ne convient-il pas que même une bonne mesure législative progressiste doit être soumise au processus parlementaire? Il faut tenir ces discussions sur la place publique. De nombreux députés, quelle que soit leur opinion sur le projet de loi, devraient avoir voix au chapitre, à la Chambre des communes. Le ministre n’est-il pas d’accord?
Madame la Présidente, je remercie énormément ma collègue de ses paroles incroyablement percutantes. Elle a exprimé tant de choses qui doivent être dites plus souvent à la Chambre.
J’ai du mal à me faire une idée par rapport au projet de loi. Il me donne espoir, mais en même temps, j’éprouve toujours les mêmes préoccupations et la même méfiance. Je pense aux poursuites judiciaires, à la protection de l’enfance, aux survivants des pensionnats, aux avis concernant la qualité de l’eau potable, à l’inaction à l’égard des femmes et des filles autochtones assassinées ou portées disparues, à la lenteur de la mise en œuvre des recommandations de la Commission de vérité et réconciliation, à la pauvreté, aux conditions de logement.
Je me demande si ce projet de loi réglera véritablement la situation. Comment se traduira-t-il en pratique pour les communautés sur le terrain? Quelle sera son incidence sur les activités quotidiennes des bandes? La question que je peine à formuler, c’est: s’agit-il davantage d’un geste symbolique que de mesures de fond? Puis-je croire au Canada cette fois?
Madame la Présidente, l’exploitation et l’extraction des ressources ouvrent des perspectives pour les communautés autochtones: de la formation, des emplois, des ententes d’accommodement et parfois la prospérité économique. Le problème, c’est qu’en soulignant seulement le positif, on manque d’intégrité et de sincérité. Nous savons qu’à bien des égards, l’exploitation et l’extraction des ressources ont souvent mené à l’utilisation abusive et au mauvais traitement des territoires et des peuples autochtones.
Le député peut-il parler des répercussions qu’ont, par exemple, les camps de travailleurs qui accompagnent les travaux d’exploitation sur les femmes autochtones portées disparues ou assassinées?
Madame la Présidente, certains ont dit que ce projet de loi doit être adopté rapidement, et je sais qu’on ne peut pas nécessairement s’attendre à quelque chose de parfait.
Il faut apporter des amendements importants à ce projet de loi. J’aimerais entendre l’avis du député à cet égard, notamment à propos du manque de volonté par rapport à l’inclusion du mot « racisme ». Il n’est pas inclus dans le projet de loi. On y trouve plutôt le terme « discrimination systémique », ainsi qu’une mesure pour lutter contre les injustices. Pourquoi hésiter à parler de racisme? Le député pourrait-il donner son avis à ce sujet?
Madame la Présidente, j’aurais quelques questions rapides à propos des mots que nous utilisons, car les mots sont d’une grande importance. On a souvent répété le mot « réconciliation » à la Chambre. Beaucoup de gens m’ont dit avoir l’impression qu’il commençait à perdre de son sens. En fait, l’idée de réconciliation signifie qu’on se réconcilie, qu’on améliore une relation qui avait peut-être déjà été bonne, ce qui n’est pas le cas ici, comme on le sait.
Le député pourrait-il parler de l’idée de réparation et de ce que nous pourrions faire, au Canada, pour réparer un lien qui a été brisé?